Comment le nouveau régime zambien a changé la donne pour le projet de cuivre Lumwana
Deuxième producteur de cuivre en Afrique, la Zambie tire des millions de dollars de recettes de ses mines opérées par des entreprises étrangères. Si l’avenir de plusieurs de ces opérations semblait incertain vers la fin du régime Lungu, l’élection il y a un an d’un nouveau président a changé la donne.
La compagnie Barrick active en Zambie sur le cuivre, a lancé la semaine dernière, en partenariat avec deux autres organismes, un accélérateur pour les entrepreneurs locaux. Si l’idée de ce programme dénommé « 10X Business Accelerator » est d’aider les PME qui en bénéficieront, à mieux se positionner pour une croissance durable, il confirme surtout un revirement de situation pour la mine Lumwana dont l’avenir était encore incertain il y a quelques années.
Tensions avec l’Etat
Début 2019, lorsque l’Etat zambien, face à une des plus graves crises économiques de son histoire, a décidé d’introduire de nouvelles réformes qui augmentaient les impôts et redevances, il s’est mis à dos l’industrie minière. Le géant minier Barrick et sa filiale locale faisaient partie du lot des compagnies qui sont montées au créneau pour dénoncer l’impact négatif que les changements fiscaux proposés par le régime d’Edgar Lungu allaient avoir sur leurs opérations.
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A l’époque, Willem Jacobs, PDG Afrique/Moyen-Orient de Barrick, a indiqué que les réformes mettraient en péril la capacité de la mine Lumwana à soutenir les rendements pour toutes les parties prenantes, comme la « contribution de plus de 3,3 milliards de dollars qu’elle a déjà versée à l’économie zambienne durant la dernière décennie ». Par la suite, des sources rapportées par l’agence Reuters indiquaient même que le géant minier envisageait de vendre Lumwana à des acheteurs chinois alors que les teneurs de l’actif étaient relativement « faibles » et les marges pouvaient être affectées par les nouvelles réformes minières.
Si cette information n’a par la suite pas été confirmée, Barrick a indiqué que toutes les options sont envisagées étant donné les conditions difficiles auxquelles l’opération fait face, mais a engagé des discussions avec le gouvernement pour trouver une solution.
« Bouffée d’air frais » avec l’élection de Hakainde Hichilema
Finalement, ce n’est pas avec le gouvernement d’Edgar Lungu que les propriétaires du projet Lumwana trouveront une solution, mais bien celui du nouveau président Hakainde Hichilema. A son arrivée au pouvoir en août 2021, ce dernier s’est donné comme principal objectif pour le secteur minier de regagner la confiance de l’industrie. Il a ainsi commencé par régler le principal point de litige entre les compagnies et l’Etat au sujet des réformes fiscales de 2019. Des discussions ont par la suite été engagées entre le gouvernement et l’industrie pour résoudre les autres questions et conclure des partenariats « gagnant-gagnant ».
Intervenant plus tôt cette année au Mining Indaba, le PDG de Barrick, Mark Bristow a mis en lumière les changements positifs que le régime du président Hakainde Hichilema a apportés au paysage minier zambien, les qualifiant notamment de « bouffées d’air frais ». Son entreprise a même profité de l’occasion pour annoncer qu’elle était en quête de nouvelles opportunités dans la ceinture de cuivre située entre la RDC et la Zambie. Entre cette sortie et le nouveau programme d’accélérateur que veut mettre en place Barrick, on peut sans s’y tromper avancer qu’un départ du géant minier de la Zambie est peu probable tout au moins à court terme.
Pour rappel, le deuxième producteur africain de cuivre derrière la RDC en a produit 800 696 tonnes en 2021, en baisse de 4,5 % en glissement annuel. Si son objectif d’atteindre 900 000 tonnes n’a donc pas été atteint, 2022 sera l’occasion d’une nouvelle tentative et il aura besoin de la contribution de toutes les grandes mines, y compris Lumwana (principal projet cuprifère de Barrick) qui a livré 242 millions de livres de cuivre l’année passée.