Après la RDC, l’UE veut s’approvisionner en métaux critiques au Rwanda, en Zambie et en Ouganda
La région des Grands Lacs est l’une des plus riches au monde en minéraux nécessaires à la transition énergétique. Elle est donc au centre de la politique de l’Union européenne visant à sécuriser son approvisionnement pour ces métaux, notamment le cuivre, le cobalt, le graphite et les terres rares.
L’Union européenne (UE) engagera en juin des négociations avec la RDC pour sécuriser son approvisionnement en métaux nécessaires à la transition énergétique. C’est ce qu’a déclaré mercredi 31 mai Elisabetta Sartorel, responsable des politiques de l’UE sur les matières premières critiques, ajoutant que les discussions devraient s’étendre à d’autres pays de la région des Grands Lacs, en l’occurrence le Rwanda, la Zambie, l’Ouganda et la Tanzanie.
Intervenant lors d’une présentation virtuelle à l’assemblée générale annuelle de la Chambre des mines du Zimbabwe, elle a expliqué, dans des propos relayés par Reuters, que la conclusion d’un accord avec l’un ou l’autre de ces pays débouchera sur l’élaboration d’une feuille de route d’actions concrètes à mettre en œuvre par les deux parties pour arriver au résultat souhaité.
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC arrive troisième en ce qui concerne le cuivre. Ces deux métaux sont utilisés dans la fabrication des véhicules électriques, et le cuivre a par ailleurs d’autres utilisations dans les industries à faible émission carbone, notamment l’énergie solaire et l’énergie éolienne. Cela fait du pays un partenaire indispensable au moment où la demande pour ces métaux explose en raison des besoins croissants à satisfaire dans le cadre de la transition énergétique.
Les relations commerciales entre la RDC et l’Union européenne sont cependant très faibles, le pays ne représentant que 0,05 % des exportations de l’organisation en 2018, et 0,75 % des importations la même année. En marge de la visite du président français Emmanuel Macron à Kinshasa en mars, de premiers contacts ont eu lieu entre la partie congolaise et une délégation européenne conduite par les commissaires européens en charge des partenariats internationaux Jutta Urpilainen, et du marché intérieur Thierry Breton autour de la création d’un partenariat stratégique sur les métaux critiques.
Selon les détails confiés à la presse, l’UE devrait investir dans l’exploitation et la transformation des minéraux congolais, et participer à la création d’une industrie régionale de batteries électriques destinée à approvisionner le marché européen. La collaboration pourrait permettre à la RDC de raffiner une part plus importante de son cobalt, actuellement traité en Chine. Selon les données du Cobalt Institute, la RDC a fourni 1 % de l’offre mondiale de cobalt raffiné en 2022, contre 76 % pour l’empire du Milieu.
Cependant, la RDC ne suffirait pas à elle seule à garantir un approvisionnement pour tous les métaux nécessaires pour fabriquer les batteries électriques, d’où l’intérêt de l’UE pour d’autres pays africains. Deuxième producteur africain de cuivre, la Zambie fournit également du cobalt, alors que l’Ouganda dispose d’importants gisements inexploités de graphite et de terres rares.
Quant à la Tanzanie, elle deviendra dans quelques années une source majeure de graphite, représentant plus de 10 % de l’offre mondiale en 2030, tout en hébergeant des mines de terres rares. Les terres rares et le graphite étant respectivement utilisés dans la fabrication des moteurs et des batteries de véhicules électriques.