Le Mali confronté à un arbitrage sur l’exploitation de l’or
La société canadienne Barrick Gold a déposé une demande d’arbitrage auprès du CIRDI, le gouvernement malien cherchant à obtenir une plus grande part des recettes minières en vertu d’une loi de 2023.
Barrick Gold, société minière cotée en bourse et basée à Toronto, a entamé une procédure d’arbitrage contre le Mali.
Le différend relatif au contrat d’extraction d’or, Société des Mines de Loulo et Société des Mines de Gounkoto contre Mali, également connu sous le nom de ARB/25/2, a été enregistré vendredi (10 janvier) au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Le bureau parisien du cabinet Asafo & Co, spécialisé dans l’Afrique, et la succursale new-yorkaise de Debevoise & Plimpton agissent en tant que conseillers juridiques de Barrick et de ses filiales maliennes. Trois entités de Bamako, la capitale du Mali, sont citées comme défenderesses dans le dossier : Direction Nationale de la Géologie et des Mines, Ministre des Mines, et Ministre de l’Économie et des Finances, traduits respectivement par Direction Nationale de la Géologie et des Mines, Ministre des Mines, et Ministre de l’Économie et des Finances (traduction de l’ALB). L’identité des conseillers juridiques des défendeurs n’a pas encore été révélée.
Exploité dans le cadre de deux permis miniers distincts concernant Loulo et Gounkoto, dans l’extrême sud-ouest du Mali, près de la frontière avec le Sénégal, le complexe Loulo-Gounkoto est entré en production en 2005 sous l’égide de Randgold, l’ancienne société Barrick. Barrick détient 80 % de chaque actif, les 20 % restants étant détenus par le Mali.
Barrick affirme avoir investi plus de 10 milliards de dollars au Mali au cours de près de trois décennies et emploie 8 000 personnes.
La genèse du différend actuel remonte au code minier malien de 2023, également connu sous le nom de loi n° 2023-040, qui est entré en vigueur en août de cette année-là et qui prévoit une participation accrue du gouvernement et des autorités locales aux activités minières dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
En novembre de l’année dernière, les choses ont empiré lorsque des membres de l’équipe de direction de Barrick ont été détenus sur la base de ce que la société affirme être des « accusations infondées, accompagnées d’actions préoccupantes telles que des réclamations fiscales et douanières sans fondement et l’émission signalée d’un mandat d’arrêt illégitime à l’encontre du président et du directeur général de Barrick ».
Barrick affirme s’être engagée de manière constructive depuis plus d’un an avec le gouvernement malien, qui réclame une part plus importante des revenus des actifs de Loulo-Gounkoto. La société affirme que ses opérations actuelles ne relèvent pas du Code 2023 et que le protocole d’accord qu’elle a proposé pour régler le différend n’a pas encore été accepté par le gouvernement malien.
Le président-directeur général de Barrick, Mark Bristow, a déclaré dans un communiqué : « Barrick reste engagé dans un dialogue constructif avec le gouvernement du Mali pour résoudre à l’amiable les différends existants. Comme indiqué précédemment, nous avons engagé une procédure d’arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) en tant que mécanisme reconnu pour traiter ces questions de désaccord tout en préservant l’intégrité des accords existants ».
M. Bristow poursuit : « Parallèlement, Barrick poursuit ses efforts pour parvenir à un accord avec le gouvernement malien sur un protocole d’accord visant à résoudre les différends existants, à redéfinir l’avenir du partenariat et à accroître la part de l’État dans les bénéfices du complexe Loulo-Gounkoto. »
Au Burkina Faso, pays voisin, le promoteur aurifère Sarama Resources a déclaré en octobre dernier qu’il déposerait prochainement une plainte auprès du CIRDI en vertu du traité bilatéral d’investissement (TBI) entre le Canada et le Burkina Faso, à la suite du retrait unilatéral par le Burkina Faso d’un permis d’exploitation d’une mine d’or.