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Raffinage de l’or, le réveil des producteurs africains?

Nous relayions à travers un article de Financial Afrik, le fait qu’aucun pays africain ne figurait dans le top 10 mondial des détenteurs d’or.

Bien que grande exportatrice d’or avec, entre autres,  l’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana ou encore le Mali, l’Afrique des 54 pays ne figure pas dans le palmarès des 10 pays par la valeur de leurs réserves officielles en or. Pis encore, seuls 4 pays situés entre le Djoliba et le Zambéze  sont présents  dans le top 50 mondial des détenteurs  d’or dans les réserves de leurs banques centrales. 

A côté de cette question, le raffinage est un des domaines où l’Afrique est en retard. Pour traiter le métal jaune, la plupart des producteurs africains d’or ont longtemps eu recours aux raffineries outre-Atlantique, se privant ainsi d’une partie des recettes liées à cette étape de la chaine de valeur. Mais la situation change progressivement, grâce au Rwanda, Ghana et au Nigeria notamment.

 Le Rwanda vient de mettre en place sa première usine de transformation d’or. L’infrastructure a eu un coût de construction de 5 millions $ et est implantée dans la zone économique de Kigali dans le district de Gasabo.

La raffinerie a été faite sous la conduite de l’Américain Hilly Metals Company qui s’est associé avec la compagnie locale Aldira dans une co-entreprise. Elle est détenue à part égale par les deux partenaires.

« Nous avons construit l’usine avec assez de capacité pour transformer une bonne partie de l’or du continent. Ce que nous faisons n’est pas nouveau, mais les gens ont l’habitude d’envoyer l’or en Europe, à Dubaï, en Turquie, en Suisse et en Belgique. A présent, nous disposons sur le continent, d’une raffinerie qui a les mêmes standards que ceux de l’Europe ou de l’Asie », a affirmé Jean de Dieu Mutunzi, le directeur exécutif de la co-entreprise.

La raffinerie est opérationnelle depuis mars 2019. Son cœur de métier est de racheter l’or brut et de le travailler de manière à avoir une qualité de l’ordre de 99%. Elle peut raffiner 6 tonnes d’or par mois, soit environ 220 kilogrammes d’or par jour. Et cette capacité peut être étendue en cas d’augmentation de la demande.

En 2020 au Nigeria, le gouvernement a délivré des licences pour la construction de deux nouvelles raffineries d’or. Une partie de la future production sera destinée à l’exportation et l’autre transformée en lingots, servira de réserve de change au pays.

« Nous avons accordé des licences à deux raffineries au Nigeria. Elles affineront l’or et produiront bien sûr des lingots que la CBN (Banque Centrale du Nigeria, NDLR) pourra acheter aux prix internationaux », a déclaré Olamilekan Adegbite, ministre des Mines et du Développement de l’acier dans des propos relayés par Reuters.

L’une des raffineries sera construite dans la capitale Abuja et l’autre dans l’État d’Ogun au sud-ouest du pays. Le gouvernement n’a fourni aucun détail sur les sociétés bénéficiaires, les volumes de production ou encore les dates de mise en service des usines.

Pour rappel, la première licence pour le raffinage de l’or dans le pays a été délivrée en 2018 à une société locale, la Kian Smith Trade & Co. Elle envisage de commencer la production cette année.

Par ailleurs, alors que la première raffinerie d’or dans laquelle l’Etat ghanéen détiendra une participation entre en service dans quelques semaines, on en apprend davantage sur son fonctionnement.

Le gouvernement ghanéen a obtenu une participation gratuite de 20 % dans Royal Gold Ghana Limited, la raffinerie d’or dont la construction s’achève actuellement dans les locaux de l’entreprise publique Precious Minerals Marketing Company. Le reste des intérêts sera détenu, pour le moment, par la société indienne Rosy Royal Limited qui a financé la construction de l’installation avec un investissement estimé à 25 millions $.

Ces détails, relayés par les médias locaux, sont fournis par Wisdom Gomashie, assistant personnel du vice-ministre des Terres et des Ressources naturelles, en charge des mines, George Mireku Duker. C’est ce dernier qui avait annoncé en septembre que la raffinerie devrait entrer en service durant ce mois de novembre 2021.

Si la participation de l’Etat est minoritaire pour le moment, M. Gomashie précise que la raffinerie deviendra une coentreprise 50-50 au bout d’un certain temps dont il n’a pas précisé la durée. La raffinerie qui versera des taxes et impôts à l’Etat, pourra traiter jusqu’à 400 kg d’or par jour et participera à l’augmentation des recettes générées par le secteur aurifère.

«Nous ne gagnons rien lorsque l’or est raffiné à l’extérieur et, dans le cadre des efforts visant à fournir une solution de raffinage, le gouvernement a conclu un accord avec l’investisseur indien pour construire une raffinerie ici. Cela fait également partie de la politique du gouvernement visant à raffiner au moins 30 % de tout l’or produit au Ghana», a souligné M. Gomashie.

Pour rappel, le Ghana est le premier producteur africain d’or depuis 2018 avec notamment 4,02 millions d’onces livrées l’année 2020.

En tant que troisième producteur d’or d’Afrique, après l’Afrique du Sud et le Ghana, il faut reconnaitre que le Mali manquait d’infrastructure de traitement du métal précieux. Ainsi, l’année 2015 a vu l’installation de la Raffinerie Kankou Moussa dans la zone aéroportuaire par Swiss Bullion Company AG dont le patron est Dario Littera. C’est un investissement de plusieurs milliards de Fcfa, avec une capacité de raffinage de 25 Kg d’or par jour.

Egalement, il faut citer la raffinerie d’or Marena Gold Mali est la première raffinerie d’or à capital 100% malien. Elle transforme l’or brut en lingots de 24 carats et fait figure d’exception dans le secteur des industries extractives dominé, au Mali ou un peu partout ailleurs en Afrique, par des multinationales étrangères. Créée en 2011, Marena Gold Mali est une manière de contribuer au développement à la base, déclare le promoteur Ismael Siby.

Raffinerie d’or Marena Gold Mali

Plus loin dans l’histoire du continent, la « Rand Refinery » est sans doute la raffinerie d’or la plus célèbre au monde, étant donné que depuis son ouverture en 1921, elle a raffiné plus de 50 000 tonnes d’or, soit un peu plus de 25 % de tout l’or jamais extrait. 

Rand Refinery appartient à cinq grandes sociétés minières et aurifères sud-africaines

Anglogold Ashanti  qui détient 42,41%

Gold Fields a une petite participation de 2,76%. 

Harmony à 10,38%

Sibanye Gold à 33,15%,

DRD GOLD à 11,3% 

Toutes ces sociétés sont des mines d’or et sont membres de la Chambre des mines d’Afrique du Sud. Rand Refinery a été fondée par le prédécesseur historique de la Chambre des mines de l’Afrique du Sud, à savoir la Chambre des mines du Transvaal.

Le raffinage de l’or pour les pays africains est un enjeu majeur avec les flux financiers illicites liés aux exportations sous-évaluées d’or et aux pertes de recettes.

Source: https://www.goldpricedata.com/fr/gold-prices-in-senegal.php

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